Chômage, trou dans le CV, accident de parcours : comment en parler en entretien
Vous avez connu une période de chômage, vous n’avez travaillé que pour des sociétés peu reconnues, ou vous avez enchaîné les CDD, et vous redoutez de passer un entretien d’embauche. Pour mettre votre parcours professionnel en valeur, et ainsi mieux vous vendre, une séance de « CV staging » s’impose. Voici les cinq principes à appliquer.
1. Enjolivez votre CV mais ne mentez pas
De même qu’il est recommandé de repeindre son appartement pour le vendre mais illégal de masquer une énorme fissure, vous pouvez broder sur l’étendue de vos responsabilités ou de vos accomplissements mais vous ne pouvez pas tricher sur les dates, les noms de société, vos titres ou vos diplômes sur votre CV.
Evitez le truc éculé d’oublier de préciser les mois dans les dates pour pouvoir jouer sur la durée de vos expériences ou cacher certains épisodes, tous les recruteurs le connaissent et vous feront préciser de quand à quand exactement vous avez exercé telle responsabilité. Imaginez votre embarras quand vous devrez avouer qu’au lieu des 2 ans passés dans la prestigieuse société X, vous n’y êtes resté en réalité que 3 mois, de novembre à janvier !
2. Si vous considérez avoir une tâche dans votre CV, évoquez vous-même le problème et faites court
Plus vous vous ingénierez à éviter le sujet, plus vous serez concentré dessus et plus vous allez amener votre interlocuteur à vous en parler. C’est exactement le même phénomène qui fait que plus on fixe un obstacle, moins on a de chance de l’éviter.
Donc, mettez les pieds dans le plat, mais faites-le de manière pro, sans émotion excessive et de manière constructive.
Par exemple, si vous pensez qu’avoir été au chômage un an avant votre dernier job vous dessert, ne bredouillez pas « en fait j’avais touché un petit chèque en partant ce qui fait que je n’ai pas tout de suite cherché du boulot et puis ensuite je n’ai pas eu de chance dans mes entretiens et aussi j’ai eu l’appendicite, ça n’a pas aidé… »
Dites plutôt : « Cette période de chômage d’un an m’a permis de prendre du recul, de mieux me connaître en termes de motivations professionnelles et de me bâtir un vrai plan de carrière. C’est d’ailleurs grâce à cette réflexion que je postule aujourd’hui pour votre poste car il est au cœur des sujets sur lesquels je veux me concentrer à l’avenir ».
3. Soyez cohérent
Votre parcours professionnel doit avoir un sens et le poste pour lequel vous postulez doit s’inscrire dans ce sens.
Si vous postulez dans une multi-nationale après avoir passé 10 ans dans des PME sans prestige, ne dites pas que vous avez simplement envie de changer ou que le faste de la multi-nationale vous fait rêver. Expliquez que cela fait partie de votre plan de carrière : d’abord se former dans une petite structure pour exercer un maximum de responsabilités en un minimum de temps, ensuite aller dans une grande structure pour y apprendre le management matriciel et l’international.
De même, trouvez un lien logique si vous changez radicalement de métier. Vous étiez technique et vous voulez faire du commerce, expliquez que c’est parce que dans votre domaine la connaissance technique est un atout important pour savoir vendre que vous avez exercé un rôle technique avant de postuler pour ce job commercial qui vous a toujours attiré.
4. Donnez l‘impression que vous êtes proactif
Même si vous n’avez fait qu’enchaîner des CDD peu glorieux, ne donnez pas l’impression que vous avez passivement subi une situation défavorable.
Montrez que vous comprenez votre marché en expliquant brièvement pourquoi il est difficile de trouver un CDI dans votre domaine, mettez en valeur ce que vos CDD vous ont apporté, ce que vous avez fait pour en tirer le meilleur parti et terminez en évoquant votre stratégie pour renouer à terme avec un emploi stable.
L’objectif est que votre interlocuteur pense de vous : « Il est conscient des difficultés du marché, il est proactif, il a un but, il va réussir »
5. Racontez une histoire de progression
Peu importe que vous ayez eu des hauts et des bas, racontez votre histoire professionnelle comme une progression.
Progresser ne veut pas forcément dire s’élever dans la hiérarchie ou gagner plus.
Il est tout à fait légitime de vouloir exercer le travail qui nous correspond le mieux, de se recentrer sur ses valeurs, d’infléchir son parcours pour être là où on va être le plus épanoui professionnellement.
En réalité, il est impossible de ne pas progresser, toute expérience, même chaotique, est en elle-même un progrès, à vous de l’identifier.
Et si votre interlocuteur trouve que vous changez souvent de direction, expliquez-lui que, quand il y a peu de vent, on est parfois obligé de tirer des bords. Pour peu qu’il soit marin, vous aurez gagné un sourire !